C’est une histoire choquante qui est arrivée à Pauline Culot, originaire de la région de Virton. Cette jeune femme de 22 ans était à la recherche d’un job d’étudiant. En décembre dernier elle envoie son CV au McDo de la Bourse à Bruxelles.

 

HONTEMais au moment de l’entretien, le responsable de l’établissement déchire (au propre comme au figuré) son CV déclarant qu’«on ne prend pas des gens comme ça», se référant aux personnes qui n’ont qu’une main, comme c’est le cas de Pauline. Celle-ci est née avec une main atrophiée, sans doigts.

La jeune femme n’a même pas le temps de s’expliquer: «Je n’ai pas pu me défendre, je me sentais très mal. C’est comme si j’étais coupable de délit de sale gueule.»

Le responsable avance comme seule raison à son refus un problème de sécurité, sans toutefois donner plus d’explications. Il reproche à Pauline de ne pas avoir mentionné ce «détail» dans le CV envoyé quelques jours plus tôt. C’est que l’étudiante ne s’attendait pas à une telle réaction: «J’ai déjà travaillé dans une fromagerie et une épicerie fine. Ça n’a jamais posé problème. Mes employeurs m’ont juste demandé si le fait de n’avoir qu’une main n’allait pas poser problème. Mais je connais mes limites.»

En sortant de cet entretien, Pauline s’est sentie humiliée.

Les excuses de McDo, mais le mal est fait

Son handicap n’a pourtant jamais empêché Pauline de mener une vie tout à fait normale: natation, équitation, escalade et guitare; elle touche à tout. La jeune femme a même prévu de passer bientôt son permis. «Le CARA (Centre d’aptitude à la conduite) a jugé que je pouvais passer mon permis sur une voiture manuelle. Mais pour une question de facilité, j’ai décidé d’apprendre sur une automatique.»

Dans ses études non plus, Pauline n’a jamais rencontré de gros problèmes. Elle a suivi pendant trois ans des cours de maquillage et d’effets spéciaux pour le cinéma, en France, et a ensuite opté pour des études de prothésiste paramédicale, à Bruxelles. Des études manuelles qui ne lui faisaient pas peur.

Depuis, l’étudiante a reçu des excuses de la part de l’équipe de McDo mais pour elle, le mal est fait. Elle sait très bien qu’on ne peut pas revenir en arrière, mais elle souhaite que son témoignage fasse réfléchir.

«Je sais que je ne suis pas la seule dans le cas, mais on ne parle pas de ce que cela fait dans la vie au quotidien. On ne montre pas assez d’exemples et on ne s’imagine pas la réaction de certaines personnes.»

Source:Lavenir, Sophie BUBOIS